Pourquoi les réclamations concernant les véhicules électriques sont en hausse?

L’essor des véhicules électriques (VÉ) est indéniablement l’un des changements les plus significatifs dans le secteur de l’automobile depuis l’invention du moteur à combustion interne. Ces véhicules, promus comme des alternatives propres aux automobiles traditionnelles, sont au cœur d’une révolution verte, essentielle pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Cependant, tandis que les ventes de VÉ grimpent en flèche, les fabricants et les utilisateurs font face à une réalité complexe : une augmentation notable des réclamations liées à ces véhicules. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs intrinsèquement liés à l’innovation et à l’adaptation d’une technologie émergente dans un marché en pleine mutation.

Cette tendance ascendante des réclamations est révélatrice des défis inhérents à toute innovation technologique majeure. Elle pose des questions pertinentes sur la fiabilité, l’efficacité et la viabilité des VÉ dans leur état actuel. La complexité de ces véhicules, conjuguée aux attentes élevées des consommateurs et à un cadre de fonctionnement qui évolue encore, conduit inévitablement à une augmentation des réclamations et des demandes de service.

Une hausse significative des réclamations pour les VÉ

L’une des principales raisons de la hausse des réclamations concernant les véhicules électriques réside dans leur nouveauté. Les VÉ intègrent des technologies de pointe qui, bien qu’innovantes, n’ont pas encore atteint une maturité totale. Les batteries, le cœur de ces véhicules sont par exemple un sujet particulier de préoccupation. Des problèmes de durabilité et de performances, surtout dans des conditions climatiques extrêmes, peuvent survenir, entraînant des plaintes et des réclamations de la part des consommateurs. Par ailleurs, des incidents isolés comme des incendies de batteries ont également été rapportés, bien que relativement rares, ils suscitent une inquiétude croissante et attirent l’attention médiatique, ce qui peut amener à une perception accrut des risques associés aux VÉ.

La fréquence des réclamations liée aux VÉ a augmenté de manière significative, atteignant 2,64 % au cours du deuxième trimestre au Canada. Ce chiffre témoigne de la présence accrue des VÉ sur nos routes. En effet, la fréquence des réclamations a augmenté en particulier pour les véhicules de la marque Tesla dont la part de marché dans les réparations de VÉ est passée à 70,67 %, ce qui illustre bien la corrélation entre le nombre croissant de VÉ et le volume de réclamations d’assurance. Ces données indiquent que les experts en estimation doivent maintenant se familiariser davantage avec les modèles spécifiques qui dominent le marché, comme la berline Tesla Model S, qui fait partie du top 5 des VÉ les plus réparés.

Les politiques environnementales telles que celles mises en œuvre en Colombie-Britannique et au Québec, où l’énergie hydroélectrique abonde, contribuent à l’attrait pour les VÉ en réduisant les coûts de consommation d’électricité. De plus, le gouvernement du Canada a adopté une stratégie agressive en faveur des VÉ, visant à éliminer progressivement les véhicules à moteur à combustion interne (MCI) d’ici 2035. Ces initiatives encouragent l’acquisition de VÉ et, par conséquent, influencent l’augmentation des réclamations liées à ces véhicules.

Face à cette situation, les experts en estimation de réclamations doivent s’armer de nouvelles compétences et connaissances. La première étape consiste à se familiariser avec la technologie des VÉ. Contrairement aux véhicules à combustion interne, les VÉ intègrent des systèmes électriques complexes et des batteries qui nécessitent des méthodes d’évaluation et de réparation spécifiques. Les estimations doivent prendre en compte la sécurité liée à la haute tension et les procédures de désactivation de ces systèmes avant toute intervention. En outre, la formation continue devient cruciale. Les professionnels doivent être au fait des dernières innovations technologiques et des évolutions des modèles de VÉ pour fournir des estimations précises. La collaboration avec les fabricants de VÉ pour comprendre les besoins spécifiques en termes de maintenance et de réparation est également indispensable.

La répercussion sur le secteur des réclamations, d’estimation des dommages automobiles et des réparations

Les experts en estimation de réclamations sont confrontés à une complexité accrue en raison des ruptures de stock de pièces détachées, un phénomène qui influence la planification des réparations. Les VÉ qu’il est encore possible de conduire après une collision offrent plus de souplesse pour la gestion des réparations, car les pièces peuvent être commandées à l’avance et le client peut continuer à utiliser son véhicule en attendant. Cependant, le rapport Mitchell indique que seulement 10,31 % des VÉ étaient classés comme non conduisibles, contre 13,11 % pour les véhicules à moteur à combustion interne, suggérant que les VÉ pourraient être plus résistants dans certaines situations de collision.

La conception et la mécanique des VÉ jouent un rôle dans la sévérité des dommages subis lors des collisions. Avec moins de pièces mobiles, le groupe motopropulseur d’un VÉ est souvent moins endommagé que celui d’un MCI. Cependant, en cas de collision par l’arrière, les VÉ pourraient être plus susceptibles d’être endommagés en raison de l’emplacement des composants de propulsion. En termes de coûts, les VÉ affichent une gravité moyenne des réparations plus élevée que les véhicules à moteur à combustion interne, avec des coûts encore plus élevés pour les marques telles que Tesla. Les réparations sont plus complexes et plus chères, non seulement en raison du prix des pièces, mais aussi de l’absence de ressources importantes en pièces détachées pour ces véhicules, exacerbant le coût global des réparations.

Les experts doivent donc approfondir leur compréhension de la conception des VÉ pour offrir des estimations des dommages automobiles précises. Ils doivent également être conscients des problématiques liées à l’approvisionnement en pièces détachées et à la programmation des réparations. Les centres de collision, confrontés à des ruptures de stock de pièces, tendent à privilégier la réparation des véhicules qu’il est encore possible de récupérer, permettant ainsi de commander les pièces à l’avance et d’offrir une expérience client optimale.

Cette situation exige des experts non seulement une expertise technique mise à jour, mais aussi une grande flexibilité dans la gestion des réclamations. La compréhension des implications légales et des politiques d’assurance en constante évolution vis-à-vis des VÉ est également cruciale. Les experts doivent être équipés pour naviguer dans ce paysage changeant, anticipant les coûts et les délais pour maintenir la satisfaction des clients et la viabilité des opérations.

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